
Début 2024, le gouvernement flamand a lancé un projet sur l’intelligence artificielle générative pour le Département du Travail, de l’Économie, de la Science, de l’Innovation et de l’Économie Sociale (WEWIS) : Columbus.
Le projet, nommé Columbus en référence au célèbre explorateur, vise à découvrir la valeur ajoutée que l’IA générative peut apporter à WEWIS. Le gouvernement considère cette initiative comme un véritable voyage d’exploration, affrontant des « eaux inconnues » pour approfondir les possibilités et les applications de l’IA. D’autres projets liés à l’IA générative sont coordonnés par Digitaal Vlaanderen, mais ils sont indépendants de Columbus.
« Nous voyons l’IA comme une vague sur laquelle nous ne voulons pas nous noyer, mais au contraire surfer », explique Jolien Poels, experte en changement pour Columbus. L’objectif est clair : aider les collaborateurs à comprendre et à appliquer l’IA générative tout en tenant compte des risques et des limites. Pour ce voyage dans l’IA, trois axes sont définis : inspiration, expérimentation et stratégie.
Sensibilisation et inspiration
Le projet a débuté en 2024 avec un accent mis sur la sensibilisation et le partage des connaissances. Des sessions d’inspiration et des ateliers ont été organisés pour familiariser tous les collaborateurs, des cadres aux juristes, avec l’IA générative, notamment Microsoft Copilot, largement utilisé au sein du gouvernement flamand. Ce dernier a donc occupé une place centrale dans les formations.

« Lors de nos sessions, nous avons souvent constaté que pour de nombreux participants, c’était la première fois qu’ils utilisaient des outils d’IA générative », explique An Taelemans, cheffe de projet de Columbus. « Ce que nous avons remarqué, c’est que la peur de la complexité représente souvent un frein. En montrant des applications pratiques, nous avons pu lever ces appréhensions et démontrer à quel point l’IA peut être accessible. »
Durant cette phase d’inspiration, Columbus a également insisté sur l’importance de la nuance. « Beaucoup de malentendus entourent l’IA », souligne Taelemans. « Les gens s’inquiètent des hallucinations, de la fiabilité et de la confidentialité. Nous voulons communiquer honnêtement sur ce que l’IA peut et ne peut pas faire. Cela permet d’éviter des attentes irréalistes. » Cette approche a porté ses fruits : près de 75 % de l’organisation a été touchée par ces sessions d’inspiration et ateliers.
Expérimentations sur le terrain
Le deuxième axe de Columbus, l’expérimentation, s’est concentré sur l’exploration de cas d’usage concrets. Parmi les exemples figurent la reconnaissance automatique des données dans des documents PDF et le développement de chatbots. « Ce que nous avons appris, c’est que l’IA générative peut grandement faciliter les processus, mais qu’une mauvaise organisation ne sera pas corrigée par la technologie », explique Taelemans. « Il est essentiel de simplifier d’abord, puis de numériser. »
Nous voulons avant tout améliorer notre culture et notre façon de travailler.
An Taelemans, cheffe de projet de Columbus
Un enseignement clé a également émergé en matière de gestion des attentes. « Les expérimentations suscitent souvent beaucoup d’enthousiasme, mais nous devons clarifier que tout ne peut pas être immédiatement mis en œuvre », indique Taelemans. « Nous travaillons désormais sur des guides pratiques afin de mieux cadrer ce qu’implique une expérimentation et ce que les collaborateurs peuvent en attendre. »
Vers une implémentation durable
En 2025, l’accent sera mis sur la stratégie et l’implémentation. L’objectif est d’ancrer durablement les solutions d’IA au sein de l’organisation. « Nous voulons innover de manière pragmatique », précise Taelemans. « Cela signifie avancer pas à pas, en transformant progressivement nos processus et notre culture. » La collaboration multidisciplinaire joue ici un rôle clé. L’équipe travaille en interne avec toutes les parties prenantes concernées (partenaires métiers, architectes, analystes, spécialistes de la sécurité, experts en gestion du changement…) pour développer une stratégie largement adoptée.
La durabilité et la coopération externe sont également essentielles. Taelemans insiste : « Nous examinons l’impact écologique de l’IA et collaborons avec Digitaal Vlaanderen pour évoluer vers des briques technologiques génériques qui seront utiles à l’ensemble du gouvernement flamand. »
Perspectives pour 2025
Avec les bases établies lors des phases d’inspiration et d’expérimentation, Columbus se projette désormais vers 2025. Taelemans se montre confiante : « 2025 sera l’année où nous concrétiserons notre stratégie et généraliserons l’utilisation de l’IA au sein de l’organisation. Nous ne voulons pas simplement implémenter une technologie, mais surtout transformer notre culture, notre manière de travailler et améliorer nos processus. »